Les temps sont venus d’abolir la beauté et je préfère hurler Voilà qu’on décapite. Jeunesse haïe foulée aux pieds et mise à nu Quand je pleure sans espoir de naissance nouvelle tendresse en berne mes gestes sont en jachère et mon poète est mort
Les rideaux sont tachés de soleil fenêtre qu’on laisse fermée le bruit est indécent un enfant va mourir La révolte vibre dans mes réseaux j’allume j’éteins puis y reviens le désespoir comme drogue la cigarette m’accroche l’orage ne m’émeut plus et j’occulte mon cauchemar
Depuis que mon coup de foudre n’est plus je suis sourde au éclairs mais sens la pluie Je sens celle de ma dernière nuit de ma dernière rose Ici on ne voit plus personne sourire Personne ne s’embrasse l’amour comme l’arbre est mort je me suspends aux branches
Et dans mon avenue ces paulownias cette musique de cinquante ans elle monte il est midi je m'exalte plus Je n’ai pas pu hier descendre me battre dans les rues Indifférence devant ces anges torturés mais comment croire à cet enfer J'en ai fini de mes poèmes
Je veux choisir la vie comme ils veulent la beauté ceux qu’on choisit de faire mourir mais il faut d’autres armes que celle du stylo et j’abomine les frappes Je fixe mon écran et dans les yeux de ces enfants qui vivent encore je vois que passent les heures
Passent les jours douleur des parents et nos cris dans les rues J’ai peur du silence car à la place de musique nous livrons nos chansons pour les cracher aux gueules des bourreaux pour abolir la beauté la joie possibles et tous les as de nos cartes