Ode au recommencement, Jacques Ancet, Lettres vives, 2013
http://incertainregard.hautetfort.com/archive/2014/06/21/jacques-ancet-5395797.html
Après Les Travaux de l'infime et Comme si de rien, Jacques Ancet poursuit sa quête au milieu de la nuit des interrogations.
Le titre même du recueil annonce une profession de foi, celle d'un homme qui fait de la musique et des mots la définition de sa vie. Dès les premières lignes du recueil, le narrateur intègre l'aventure de son incessant retour dans un discours poétique où signifiants et signifiés sont exprimés dans la simplicité des mots les plus justes. Celle-ci est alliée à la beauté quand il suffit de lire au cœur du recueil : " je ne voyais … rien d'autre que le soir qui tombait sur les grands platanes couverts de cris et d'oiseaux noirs " ( p 46 ).
Sa présence au monde permet au poète de surmonter la conscience angoissante du " cercle sans fin " et du " présent perpétuel " même si, d'emblée, c'est une réalité sordide dont il lui faut parler, une réalité d' "os ", d' " excréments et d' " ordures " à laquelle va s'ajouter tout un non-dit, " tout ce que je ne dirai pas et qui m'accable " ( p 11 ). Il ne s'agit pas seulement de ruminations anxieuses et de variations inquiétantes sur les thèmes du recommencement et de la ressemblance, mais d'une profonde empathie avec l'Histoire humaine qui lui fait évoquer l'effondrement des bourses ou la torture ainsi que le destin de chacun comme celui du vieil homme qui se suicide en pressant la gâchette ...