Lettre au peintre Georges Badin pour son opus, Livre à Deux Voix,publié chez AEncrages et Co, collection Oculus
Votre livre est à lui-même un petit bijou.
L'oculus, regard réciproque pour moi de l'artiste et du spectateur, me fascine.
En ouvrant l'ouvrage les couleurs deviennent, comme il est dit à la fin, nos compagnes mais nous sommes dans l'attente du jaune, couleur gagnante.
La ligne passante et séductrice nous retient encore, dites-vous, dans la mémoire nécessaire aux images.
Vous parlez plus bas de l'oiseau qui demande au vent silence comme la voix de la poésie, pour s'exprimer, l'exige aussi.
Et voici Eve soudain présente, elle à qui on ne pense plus assez et qui, pourtant, " sait " le plaisir.
Ensuite, au cœur du livre, sur la seconde peinture, deux lignes sont à leur tour séduites, voire capturées, par un bleu qu'un orage ( ? ) colore en violet et le jaune cherche sur la droite à gagner le terrain.
Puis, dans la suite de votre évocation, vient la musique, préoccupation majeure de tout artiste, qui se nourrit de silence.
Et j'aime, plus encore que la liberté, la présence d'Eros car le désir est commun au poète et au peintre. Il n'est que pour preuve cette phrase de René Char :" Le poème est l'amour réalisé du désir demeuré désir "
Celui ci, en effet, s'exprime grâce à une syntaxe que vous dites ouverte sur la vie, dans l'émotion et dans l'audace de l'amour au moment où le corps et le support du travail ne font qu'un.