Ce long poème est adressé à " l'autre ", ce double, disparu dans la mort. Les mots sont là pour tenter de conserver le partage en faisant revivre cet autre, aller au-delà du chagrin et survivre soi-même. " ... la nuit de mes mots / qui cherchent ton visage consolante sève de ma vie sans moi ". Et le chant peut se poursuivre à deux, comme l'indique le titre, qui peut se lire aussi " lire en double ".
La partie " Cendres " est faite de souvenirs du départ de l'autre : " mon poème ce jumeau qui se consume pour toi ". Puis " La peur commence à s'éloigner" : tu es la rose / désormais / qu j'effeuille / et effleure ".
" Braises" est une injonction de revie grâce à la poésie à partager : " Rassemble je t'en prie en bouquets tes mots. / Avec ce fil de soie que j'ai tissé ici pour toi ", "... à chaque heure tu souffles / sur ces cendres / Ma poésie ma vie / brûle / braises braises braises / de mes vers ".
Dans " Valse vers le soleil ", le poète prie l'absent de guider ses pas dans le " pays inconnu " aux " étranges virtualités " ; " tu raconteras / l'in-ouï / le jamais vu ".
Dans la dernière partie " Digue désormais rompue " la fusion est totale à partir des souvenirs : " mes mots sont aujourd'hui la preuve de tes mot s", " Nous vivrons jusqu'au bout une double odyssée ".
Un recueil émouvant sur le deuil sur le double, conquis par la force d'une poésie lyrique au style original et soutenu.
G.C.