France Burghelle Rey a publié en 2010 un beau texte, intitulé " Lyre en double" , aux éditions Interventions à Haute Voix, dont elle essaime actuellement des extraits sur son mur. C'est à les lire en éclats que m'est venu le désir de rencontrer l'ensemble, et c'est un bien beau recueil. Sur la question de la perte ( pudiquement évoquée, sans que l'on sache réellement de quel deuil il s'agit : amour perdu ? décès ? ), elle développe l'idée d'un double manquant, d'un autre soi ( frère d'élection ?), avec qui les mots s'échangent : "Nous vivrons nos mots nos merveilles /en sachant trébucher/pour mieux nous relever/ dans un nouvel élan ". Petit à petit l'auteure "orpheline" se dédouble. Une voix chante en elle, et c'est celle du poème : "mon poème/ ce jumeau qui se consume pour toi ". Mais il s'agit d'amour. Les mots, les syllabes, l'alphabet sont des trésors récurrents dans les poches de France Burghelle Rey, qui les offre avec générosité à son lecteur. Et sait y puiser la " consolante sève " de la vie.
Estelle Fenzy