INCIPIT :
L'hirondelle rouge, Jean-Michel Maulpoix, Mercure de France 2017, 12 e
Dans le dernier recueil de Jean-Michel Maulpoix ce sont les confidences sur la mort du père qui occupent le premier des neuf volets, l'homme à qui le poète ne pourra plus faire plaisir avec les " gloires " de son travail; empathie forte alors du lecteur, pour peu qu'il soit lui-même écrivain, à la lecture de cette constatation déchirante et à la fois consolante puisque partagée.
La peinture du quotidien - le narrateur a " le goût du chevalet " - est portée par la fluidité de la prose poétique elle-même composée du lexique le plus simple. Des phrases longues ou courtes s'adaptent au ressenti : " On n'occupe pas impunément la place laissée par les siens. Je vous le promets : j'écrirai d'une main plus lente. " Ou : " Dans la maison de mon père, les charognards ont fait leur boulot, arrachant les tableaux et vidant les tiroirs, abattant les placards à coups de barres de fer ".
Le deuxième volet exprime, avec le deuil encore, le thème du temps qui passe, trop lent ou trop rapide, contre lequel écrire est le seul remède pour le poète " voleur de nuit ". Seul remède pour apaiser l'angoisse existentielle causée par la perte et, en conséquence, par la finitude : " Là-haut, la porte reste close : l'ange et le dieu ont pris la fuite "...